
Rodolphe Burger
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L’Autre
Par manque de temps, je ne vais pas aussi souvent au cinéma que je le souhaiterais. Patrick Mario Bernard est un olibrius, complice de Pierre Trividic, et tous les deux ont déjà réalisé plusieurs films dont un sur Lovecraft, un autre, qui avait grand bruit, et s’appelait "Ceci est une pipe", et puis "Dancing," très étonnant et très beau… Le dernier en date (2009) s’appelle "l’Autre "avec Dominique Blanc. Il y a quatre ans, Patrick m’a proposé de faire un film sur moi. J’étais très étonné mais comme je connaissais son travail que j’admirais, j’ai dit oui tout de suite. Il m’a filmé pendant quatre ans. Il venait avec trois fois rien, un matériel rudimentaire. Et puis, il m’a montré quelques minutes qu’il avait tournées et là, j’ai dit ok, on a affaire à un artiste. Magique. Magnifique. Je ne sais pas ce que ça va raconter ni à quoi ça va ressembler vraiment mais je lui fais une confiance totale.

In the Land of the Head Hunters
C’est Thierry Lounas des éditions Capricci qui m’a contacté pour me parler de ce film d’Edward S. Davis, connu pour ses photos des Indiens d’Amérique, et me proposer de composer une musique. C’est un film que Davis a fait pour Hollywood avec en tête de remporter un grand succès et financer ses expéditions. C’est le vrai premier film de docu-fiction, "Roméo et Juliette "au pays des coupeurs de têtes ! Contrairement à ses espérances, ce film fut un flop. J’ai joué en clôture des Rencontres d’Arles au milieu des arènes. Un souvenir dément.
Intello

Lenz
Büchner est un auteur cher à mon cœur depuis longtemps. Je suis arrivé à 17 ans à Strasbourg, la ville des romantiques allemands, de Goethe et de Büchner qui s’y était réfugié pour avoir écrit des brûlots révolutionnaires en Allemagne. Là, à 23 ans, il a écrit cette merveille, "Lenz, "une petite nouvelle sur Jakob Michael Reinhold Lenz, disciple de Goethe, recueilli par le pasteur Oberlin à la fin du XVIIIe siècle. Je n’avais jamais pensé un jour faire un disque sur lequel je pourrais mettre un texte de Büchner. C’est après une lecture musicale que j’ai faite de "Lenz", à la fondation créée par Vera Michalski à Montricher, que j’ai eu l’idée d’en faire un morceau qui clôture mon album "Good".

Cet obscur objet de désirs : Autour de L'Origine du monde
Tout près de Besançon, à Ornans, le village où il est né, il y a un musée Gustave Courbet. Et j’adore Courbet. Il y a eu une exposition autour de "L’Origine du monde", et le catalogue est formidable. Besançon est une ville dont l’histoire est ancrée à gauche, la ville de Proudhon, de LIP… qui colle au personnage de Courbet qui a dû se réfugier en Suisse après la Commune, à sa formation politique.

A la Claire Fontaine
J’adore Courbet et, par hasard, j’ai rencontré David Bosc, en Suisse, là où justement, il a planté le décor de son livre, à La Tour-de-Peilz, sur le bord du Léman. C’est dans ce village que Courbet s’est exilé alors qu’il était condamné à de la prison et à une colossale amende pour sa participation à la Commune et pour la reconstruction de la colonne de Vendôme qu’il avait appelé à détruire. "A l"a Claire Fontaine"" de David Bosc évoque cet exil.
Rencontres et autres accidents

Parlons peu, parlons de moi
J’aime beaucoup le bonhomme et son livre est absolument délicieux. C’est une réédition de ses articles parus dans "Vibrations" auxquels il a rajouté des commentaires d’aujourd’hui. C’est toujours incroyablement pertinent et intéressant. C’est délectable. "Ça" parle bien sûr de musique mais d’autres choses également, de lui, de la vie… J’aime beaucoup cet homme, ce qu’il raconte, ce qu’il représente… Je le lis très doucement, pour déguster.

Ludwig, un roi sur la lune
En deux mots, c’est une pièce autour de Louis II de Bavière, mise en scène par Madeleine Louarn qui, depuis trente ans à Morlaix, a développé un travail de théâtre professionnel avec des handicapés mentaux. Il se trouve que j’ai rencontré la troupe avec laquelle elle travaille, Catalyse, à l’occasion d’une performance improvisée dans le cadre du festival Panorama, pour inaugurer le chantier d’une future scène à Morlaix, le SE/cW. Je suis venu sans du tout savoir à quoi m’attendre. J’ai joué mes deux morceaux, ils ont dansé et ça a été un choc, un coup de foudre réciproque. Quand Madeleine Louarn, qui ne les avait jamais vus au contact de musiciens, a vu ce qui se passait, elle m’a proposé de m’embringuer dans sa nouvelle formation. Ils sont merveilleux. Artistiquement, c’est intéressant et humainement, c’est incroyable. J’ai fait venir pas mal de psys que je connais et ils sont tombés sur le cul. C’est au-delà du théâtre. Ils dansent sur Michael Jackson, Wagner, Debussy… ce n’est par racontable, juste vraiment incroyable.
Son

Good
"Je suis vraiment content de ce disque. D’autant que maintenir le label a été très, très difficile. Tous les projets que je peux faire exister grâce au label nourrissent cet album solo. Un album solo, c’est aussi une façon de faire le point et d’ouvrir un nouveau chapitre, travailler un son nouveau. Les projets, je les produis moi-même, mais pour les albums solos, j’ai besoin d’un partenaire. Surtout du côté des rythmiques. J’adore les batteurs et les mecs qui pratiquent le studio comme un instrument. Des types comme Doctor L. par exemple. On n’avait pas ça en France avant, à l’époque de Kat Onoma."

Never Mind The Future
C’est un spectacle qui tourne encore et que je trouve formidable. Sarah Murcia, qui joue sur mon dernier album et qui fait partie du trio avec lequel je vais partir en tournée, est l’une des musiciennes les plus intéressantes de sa génération. Elle a fait là quelque chose d’extraordinaire autour des Sex Pistols. C’est un spectacle incroyable. Sur le papier, c’est un défi absolu de réarranger les Sex Pistols. Leur album "Never Mind The Bollocks" est un bloc, une sorte de monolithe. L’exercice s’annonçait donc périlleux. Un défi interdit. Et bien, c’est une grande réussite. En déconstruisant les morceaux, elle a réussi à s’en nourrir pour exprimer sa propre musique. Il faudrait que ce spectacle aille à Londres, que Johnny Lydon voie ça !

Wisdom Of Life
Un album solo, c’est un peu comme une opération à cœur ouvert. Tu mets tout sur la table. Avec Doctor L, sur mon album "Meteor Show" (1998), on est allé très, très loin sur le travail du son. C’est le mec le plus brillant avec qui j’ai bossé. Jamais je n’avais rencontré un type comme lui. Le travail qu’il fait sur ses albums ou ses productions pour d’autres, Tony Allen par exemple, est purement incroyable.